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La Guerre des Demoiselles

guerre demoiselles baby C’est quoi la guerre des Demoiselles ?

La guerre des Demoiselles c’est une révolte de la misère contre les riches exploitants des forêts. C’est sous le règne de Charles X Roi de France et de Navarre de 1824 à 1830 qu’éclate « la guerre des Demoiselles ». Elle éclate dans le Couserans ariégeois et reste localisée dans ce coin des Pyrénées.

Situation économique

Le département rural Ariège est un département pauvre, le Couserans, et la haute Ariège est encore plus pauvre. Le relief montagneux et austère ne facilite pas l’exploitation agricole, de petits lopins de terrains servent de parcelles cultivables. La population vit chichement et peine à se nourrir. L’exploitation de la forêt est indispensable à la survie de la nombreuse population locale qui vit en autarcie. La forêt permettait la cueillette, le bois de chauffage et de construction, la chasse, mais surtout le pâturage du bétail. Parfois, il était possible de déforester pour gagner un peu de terre cultivable.

Les usages ancestraux

Au moyen âge, le roi ou les seigneurs sont les propriétaires des forêts. Néanmoins, au XIIIe siècle le Comte de Foix cède les droits forestiers aux communautés du Couserans, de son côté le Comte de Comminges fait la même chose pour les communautés de la région luchonaise. Après la révolution, les communes gardent la propriété et l’usage de la gestion des forêts.
Toute la population locale profite sans trop de problèmes de ce « droit ancestral » qui permet l’exploitation de la forêt même si l’on n’en est pas propriétaire.
Mais, Napoléon 1er confisque unilatéralement les forêts aux communes, elles deviennent alors « bien national ». Il n’est pas rare que ces forêts nationales soient revendues à prix d’or à des bourgeois aisés, qui peuvent faire ce qu’ils veulent pour les exploiter.
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La cause de la guerre des Demoiselles

Au début du XIXe siècle, l’état de la forêt française est assez délicat, elle ne représente que 16% du territoire.
La « révolution industrielle » demande d’énormes ressources en bois, alors l’exploitation de la forêt s’intensifie sans se soucier des besoins de la population locale.

Sous Louis XIII le 27 mai 1827 fait voter le nouveau code forestier qui devra s’appliquer dès 1829. Mais que prévoit ce nouveau code ? Le 1er article définit l’ensemble des forets sur lesquelles il va s’appliquer.

Extrait du code forestier :

« Art. Ier, sont soumis au régime forestier, et seront administrés conformément aux dispositions de la présente loi,

1° Les bois et forêts qui font partie du domaine de l’Etat;

2° Ceux qui font partie de la Couronne;

3°Ceux qui sont possédés à titre d’apanage et de majorats réversibles à l’Etat;

4°Les bois et forêts des communes et des sections de communes

5° Ceux des établissements publics

6°Les bois et forêts dans lesquels l’Etat, la couronne, les communes ou les établissements publics sont des droits de propriété indivis avec des particuliers. »

Ce code prévoit aussi :

que les agents et préposés de l’administration forestière devront prêter serment devant le Tribunal d’instance de leur résidence.

que ces gardes sont responsables des délits, dégâts « et passibles des amendes et indemnités encourues par les délinquants, lorsqu’ils n’ont pas dûment constaté les délits »

Conséquences du code Forestier

Le Code forestier impose soit une règlementation drastique, soit un « mis en défens » (interdiction) de l’usage de la forêt. Donc, sont mis sous contrôle ou interdit : le droit de marronnage (exploitation du bois d’œuvre pour les constructions), le droit de chasse et de cueillette ainsi que de pèche, le pâturage, le ramasse de bois pour le chauffage, les coupes…

Ce code soumet quasiment toute la forêt à l’administration des dispositions de cette loi ce qui fait gronder la population locale. Cette population (pauvre) depuis la « nuit des temps » est habituée à utiliser les espaces forestiers, quel qu’en soit le propriétaire. Comme de bien entendu, vu l’ancienneté de cette coutume il ne reste plus aucun « justificatif écrit » de droit. Bien entendu, la justice demande ces papiers et donc favorise l’Etat et les industries forestières et industrielles. La France a un besoin important de charbon, il faut alimenter les forges. Bien sûr, il n’y a pas encore de mine en activité, donc les charbonniers sont favorisés.

Code Forestier la mise en action

Dès le mois de juin 1829, l’Etat met en place les gardes forestiers (salamandre), la Marée chaussée, les charbonniers… pour contrôler la nouvelle exploitation de la forêt.

Localement, les gardes sont appelés salamandre à cause de leur uniforme jaune et noir.

La population ne peut pas se passer de ces ressources indispensables pour la survie de la famille. Le mécontentement monte dans ces vallées, surtout que la forêt est surexploitée par les charbonniers. Profitant du côté répressif de ce code les gardent verbalisent les « petits paysans » qui ne respectent pas la nouvelle loi. Et certains d’entre eux (ils sont payés par l’Etat ou les gros propriétaires) n’hésitent pas à arrondir les fins de mois. Ils laissent frauder certains propriétaires ou villageois « riches » et verbalisent les « plus pauvres » qui ne peuvent pas les rémunérer. Le nombre des amandes passe de 200 en 1825 à plus de 1000 en 1829.

Les premiers troubles dus au code Forestier

La réaction dans le Couserans ne se fait pas attendre. Déjà en septembre 1828 des paysans en colère prennent d’assaut la mairie de Sentein (Ariège Pyrénées). Ils sont à la recherche de ces fameux « papiers officiels » qui leur donnent le droit d’exploitation de la forêt pour tous.

Les gardes forestiers usent de leurs pouvoirs et n’hésitent pas à perquisitionner manu militari dans les maisons des paysans, ce qui va mettre le feu aux poudres.

Première escarmouche

Dans la vallée de Balonguère à Saint-Lary (31) environ 20 gardes veulent saisir les bêtes de paysans qui n’avaient pas respecté l’interdiction de pâturage. L’information circule rapidement, un groupe d’individus déguisés en femme et armé met en fuit les salamandres. Les paysans pour ne pas être reconnus se déguisent en « femme » : visage noirci, un foulard sur la tête, une braie (chemise longue) sur les pantalons. Voilà d’où vient le nom de « Guerre des Demoiselles » de cette révolte locale. Ils s’arment de bâton, de faux, de hache et parfois de fusil, tout ce qu’ils ont sous la main.

Le harcèlement des demoiselles

Dès lors, la guerre des Demoiselles devient un harcelement perpétuel des autorités, les gros propriétaires, les charbonniers sans oublier les Salamandres sans jamais les affronter de front. C’est une véritable guérilla qui prend forme. Le harcèlement se fait par : lettres de menaces, affiches, et raids au domicile des persécuteurs, et aussi sur le terrain. Les locaux ont un grand avantage, car ils connaissent parfaitement le terrain, et ils sont solidaires dans une lutte pour leur survie. Leur stratégie installer la peur, jusqu’à l’abandon du terrain par les gardes, les gendarmes et les charbonniers.

La guerre de Demoiselle s’intensifie

Après cette première victoire, la rébellion s’étend dans tout le Couserans, le castillonnais.

Les actions se multiplient, le 24 janvier 1830, jour de fête locale à Balaguère, les Demoiselles défilent dans le village en criant « A mort les gardes ».

Le 27 janvier, c’est environ 500 Demoiselles qui défilent à Massat, le 17 février toujours dans la même ville ce sont environ 1 000 Demoiselles qui manifestent. Grâce à sa diplomatie, et son aura locale, Galy-Gasparrou maire de Massat évite l’affrontement avec la troupe stationnée là. Par conséquent; il évite le bain de sang de peu.

Après la révolution de 1830 la guerre des Demoiselles prend plus d’ampleur, et s’étendre sur tout le département. Des vallées des Pyrénées, du Couserans, du Comminges, la vallée d’Autrech(31), Aspet(31), Saint-Béa (31) et jusqu’à Belcaire (11)… Bien évidemment, les exactions vont être plus radicales et plus violentes. Les Demoiselles ciblent particulièrement les grands propriétaires et les maitres de forges qui continuent la surexploitation de la forêt.

Les Demoiselles attaquent la métairie des « Laffont » sise à Boussenac, la sanction ne se fait pas attendre. La justice expéditive condamne 3 jours après la commune à payer 20000 francs à la famille Laffont. Dans la nuit du 3 au 4 avril, toujours en 1830, les Demoiselles anéantissent ce qu’il reste des bâtiments et des plantations.

A Aston proche d’Ax-Les-Thermes les Demoiselles ciblent le château de Gudanes, le pillent le 7 et à nouveau le 10 août 1830.

Le 15 août les Demoiselles de la vallée d’Oust passent à l’action, pillent le château et brulent les granges du maire Jacques Saint Jean de Pontis.

La guerre des Demoiselles la victoire

Jusqu’à mi-septembre la guerre des Demoiselles multiplie les actions. Le 27 septembre le département met en place la « commission Départementale des Forêts » qui doit apaiser les tensions dues aux droits supprimés par le code Forestier. Cette commission trouve une solution qui convient aux Demoiselles qui perturbent largement l’exploitation des forêts.

L’état recule

Une ordonnance ministérielle du 23 février 1831 restaure le droit de pacage, une autre en date du 27 mai 1831 supprime les dispositions du code forestier de 1827 pour le département de l’Ariège. Le gouvernement signe une amnistie générale pour tous ceux qui ont participé à cette guerre des Demoiselles. Tout d’abord, toutes les Demoiselles condamnées retrouvent leur liberté, par conséquent les poursuites s’arrêtent, enfin c’est la victoire.

Quoi qu’il en soit, les Demoiselles reprennent de l’activité à partir de mi-novembre 1830 jusqu’aux environs de mars 1831. Certains propriétaires tentent de garder leurs avantages donnés par le code Forestier 1827. Mais les Demoiselles imposent une telle pression permanente que finalement les propriétaires ne peuvent que céder leurs droits aux paysans.

La renommée de cette jacquerie à l’ariégeoise remonte jusqu’à Paris. Le Théâtre des Variétés met en scène une pièce retraçant cet évènement, et ce à l’été 1830.

Le 7 mai 1832 les Demoiselles incendient à nouveau les propriétés de Pontis. Et surtout chassent les charbonniers qui ont acheté des parcelles à Pontis.

Dans la nuit du 10 au 11 mai, dans la commune de Saleich dans le Couserans une salamandre tue une demoiselle venue l’assaillir chez lui. Il s’agit de François Baron qui sera l’un des 2 morts de cette guerre.

La longue fin de la guerre des Demoiselles

Les 20 années qui suivent, les actions sont moins régulières. Les derniers évènements sont dans le massatois et la vallée de Bellongue en mai 1866 et 1867, pour se terminer en 1872.

En 1867, la deuxième victime de cette guerre est un garde forestier.

D’autant que durant cette période l’Etat n’a pas été capable de « mater » cette rébellion. Surtout, qu’il y a à certains moments 13 compagnies d’infanterie et 8 brigades de gendarmerie. Le plus remarquable c’est qu’il y avait 1 militaire pour 126 citoyens.

Il y eut pas mal de procès, beaucoup de relaxes par manque de preuve et de témoignages. Mais, malgré tout, les tribunaux condamnent quelques Demoiselles. Les condamnées deviennent des héros locaux de la jacquerie contre ce code Forestier qui les affame.

Tout d’abord, en 1976 Gérard Guillaume et Jeanne Labrune réalisent un film en 2 parties.

En 1983, Jacques Nichet réalisera, enfin lui aussi un long métrage.

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Le millas

Le millas vient de l’occitan milh qui veut dire millet mais aussi maïs. Bien évidemment c’est la farine de maïs que l’on va utiliser pour cette recette.
On  retrouve le millas dans pas mal de région, avec toujours la même base d’ingrédients mais avec quelques variants.

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