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Ferme Ecole de Royat

chateau royat La Ferme Ecole de Royat (1) se situe en Ariège Pyrénées. Son domaine s’étend sur les communes de Montaut (la plus grande superficie) et Le Vernet d’Ariège. L’ensemble des bâtiments est sur Montaut.
 

L’agriculture au début du XIXème en Ariège

Dans ce département surpeuplé, reculé, miséreux, l’agriculture au XIXème est dans un état arriéré. La population peine à se nourir. La plaine arrive jute à survivre et les « régions montagnardes » sont en grande précarité avec une agriculture archaïque. Le progrès peine à arriver dans notre département, ce n’est qu’en 1824 qu’apparait la charrue métallique dans la plaine. Ce début modernisation n’est possible que grâce à la jeune Société d’agriculture et à certains propriétaires terriens.

Pourquoi une ferme école ?

La situation de l’agriculture dans cette France rurale n’est guère mieux et il faut urgemment, absolument remédier à cela. Hyppolyte Paul Jayr ministre de l’agriculture (9 mai 1847- 19 septembre 1847) du troisième gouvernement Jean-de-Dieu Soult (29 octobre 1840-18 septembre 1847) annonce le 23 juillet 1847 la création d’une ferme école dans chaque département. Le décret du 28 juillet 1849 permet au Conseil Général de l’Ariège créer une ferme école sur son territoire.

Les péripéties avant la création de la ferme école

C’est le 1er décembre de 1848 que le Conseil Général entérine la création de la ferme école dans le département. La Société d’Agriculture de l’Ariège représentée par « le chevalier de Saubiac » avait largement anticipé cette décision, et les dossiers des domaines candidats étaient près. L’inspecteur Général les refuse tous car les surfaces agricoles ne sont pas suffisantes.
Donc dans cette première sélection le domaine de Royat n’est même pas retenu. D’ailleurs c’est une « guerre des clochers ariégeois » et politico-politique qui s’engage. Le Conseil Général n’étant pas favorable à une telle création « traine les pieds » effectivement il ne voit pas le bienfait de ce développement agricole. Les élus locaux veulent cette ferme école sur leur territoire, soit dans la plaine de Pamiers, soit dans le fuxéen, soit dans le Couserans. En fin de compte les rancoeurs s’installent ce qui ne pas la prise de décision, ni facilitera la vie de la future Ferme Ecole.

plan royat en 1866La création de la Ferme Ecole de Royat

Préambule à la création

Emile François Marie Michel Lefèvre né le 12 septembre 1816 à Pamiers où il exercera la charge de notaire de 1842 à 1851. Il est le neveu du tarasconnais Adolphe Garrigou industriel, homme politique, écrivain et participant à la révolution de 1848. Le 2 janvier 1843 Lefève achète cette ferme de Royat d’une superficie de 81 ha, pour un prix de 100 000 f à cette époque.
Dans cette cacophonie politique, Lefève ne s’en laisse pas compter, il présente directement sont dossierde ferme école au Ministre. Son audace est payante il est nommé directeur de sa Ferme Ecole, il arrive même à faire nommer M Saubiac comme sous-directeur. M Saubiac qui était à la tête de la Société Agricole écouté au Conseil Général. Mais rien n’y fait le Conseil Général refuse d’aider la Ferme Ecole de Royat, ce qui est un frein financier au développement de ce nouvel outil de formation.

Enfin la création de la Ferme Ecole de Royat

La création de l’école est effective en  1849, le 2 novembre la Ferme Ecole de Royat voit le jour. Emile Lefèvre en prend la direction et abandonnera en 1851 sa charge de Notaire à Pamiers. Dès lors il se consacre exclusivement à sa nouvelle fonction, son épouse est un allier de tous les instants. Surtout c’est un homme d’affaire qui est sensible à la santé financière de son « école ». Il faut préciser que M Lefèvre aime l’organisation, sa « pensée » est tournée vers l’efficacité et le bon sens. Ces quailités en font un précurseur dans la gestion d’une exploitation agricole au niveau culture, élevage et gestion. Il finance cette nouvelle charge avec ses deniers personnels, il engloutit toute sa « fortune », mais sa passion est là.

L’organisation de la Ferme Ecole de Royat

L’organisation

Sous la houlette d’Emile Lefèvre véritable chef d’orchestre on trouve : M Saubiac sous-directeur, M Pointis(école de Rennes) chef des pratiques,M Estrade jardinier-pépiniériste, M Sloère (1er école Normale de Foix) comptable-surveillant, M Marfaing vétérinaire à Pamiers. Sur un document de 1866 il est fait état d’un granger…

Le fonctionnement

La Ferme Ecole de Royat gére environ une petite trentaine d’élèves (pas au début) qui sont élèves-apprentis et sortirons avec un diplôme. Ceux-ci au point de vu rendement ne sont pas forcément très compétitifs au début de leur formation. A la fin de cette période d’apprentissage, le maniement d’outils compliqués destinés à l’agriculture est acquis. Comme « Paris ne s’est pas fait en 1 jour », la Ferme Ecole investira tout au long de sa vie. Elle est le poumon de la modernisation de l’agriculture ariégeoise, elle sert de modèle, apporte de nouvelles techniques, de nouveaux matériels inconnus en Ariège. La ferme école possèdera sous un hangar un hache-paille, un coupe racine, un moulin à farine, un machine à battre, et un aplatisseur de grains…

La Ferme Ecole de Royat la vie des apprentis

La dure vie des apprentis

Les élèves sont recrutés dans le sud, chaque année un concours est organisé en général en septembre. La formation dure 3 ans, ils ont le statut d’élèves-apprentis. La discipline est quasi militaire. Les élèves-apprentis sont en uniforme : pantalon gris, blouse bleue avec col brodé des lettes FE, une ceinture de cuir et pour finir un chapeau de feutre. Le régime alimentaire est plutôt conventionnel pour l’époque. Pain pour le petit-déjeuner et le goûter. Pour le déjeuner : soupe, légumes ou viande et ½ litre de vin. Pour finir le diner c’est légumes, viande ou morue. L’emploi du temps est conséquent à partir de 4h (de mars à novembre) ou 5 h (de novembre à mars) du matin, le coucher 21 heures. Mais pour ceux qui couchent dans les écuries et étables levé à 2h30 (du 15 mars au 15novembre) et à 4 h (du 15 novembre au 15 mars).

Le trousseau

Chaque élève-apprenti reçoit son trousseau qui se compose : 6 chemises, 6 paires de chaussettes, 3 cravates, 6 mouchoirs, 4 pantalons, 2 vestes, 2 blouses, 1 paire de souliers, 1 paire de guêtres, 1 manteau. Ce trousseau évoluera bein évidemment dans le temps.

La formation des élèves-apprentis

La ferme école de Royat dispense une « instruction agricole » de grande qualité, très organisée, graduelle pour permettre à chaque élève-apprenti d’explorer tous les « détails de l’exploitation ». Au bout des 3 ans d’instruction les élève-apprentis qui réussisent reçoivent un certificat de capacité. Les résultats ne tardent pas à arriver. Certains anciens élèves obtiennent plusieurs médailles à différents concours agricole et ce dès 1859, les médailles tombent et ce n’est que le début.

Ferme Ecole de Royat « les travaux d’Hercule »

La Ferme Ecole le 1er recrutement

Le 30 septembre 1849 se déroule à Pamiers, à la Sous-Préfecture le premier concour d’entrer. Il y a 36 candidats dont 19 de l’arrondissement de Foix, 12 de l’arrondissement de Pamiers et 5 de l’arrondissement de Saint-Girons. Après les tests 10 candidats sont choisis, leur âge varie de 17 ans à 24 ans. Tous sont laboureurs sauf le saverdunois qui lui est jardinier. Pour être admis à la Ferme Ecole il faut en plus du test fournir un certificat médical, un certificat de moralité signé par le maire de la commune du candidat, une fiche d’état civil. La localisation des premiers admis : 1 dans chacun des cantons suivant : Massat, La Bastide de Sérou, Foix, Varilhes, Le Mas d’Azil, Saverdun, Mirepoix, Le Fossat et 2 dans le canton de Les Cabannes. C’est le 15 octobre 1849 que les élèves apprentis inaugurent la 64ème Ferme Ecole de France.

Les dures premières années
Les diffcultés de direction

Les premières années sont dures, l’investissement est supporté uniquement par M Lefève pusique le Conseil Générale ne s’engage toujours pas. De plus les rapports avec son sous-directeur ne sont pas au beau fixe. M Saubiac n’a pas la rigueur de son directeur qui gère ses biens.  Au vu de cette situation le Ministre ordonne une enquête, menée par le Sous-Préfet de Pamiers. Finalement M Saubiac est donc révoqué le 1er juillet 1851. M Lefève en reste directeur au vu des sacrifices financiers qu’il a déjà fait pour rendre son domaine compatible avec une Ferme Ecole. Beaucoup d’élèves sont partis, il n’en reste qu’un tiers, par contre l’ensemble des enseignants est toujours en poste soit 22.
La ténacité du propriétaire-fondateur-directeur de la Ferme Ecole commence à porter ses fruits, certains voisins s’inspirent de ce qui se pratique dans cette fameuse école.

La difficile communication

La Ferme Ecole souffre d’une communication difficile à véhiculer dans un département rural. La langue principale n’est pas le français mais le patois local qui varie de vallée en vallée. L’information met des « lustres » pour arriver par exemple à Massat et dans les vallées enclavées des Pyrénées. La « guerre des clohers » ne facilite pas non plus la diffusion des informations. Les élus locaux ne sont pas forcément des relais efficaces pour relayer la « bonne parole ».

La Ferme Ecole Royat aménagement des bâtiments

La création de la ferme école nécessite une réorganisation et aménagement quasi total des anciens bâtiments. Il faut prévoir l’hébergement des « stagiaires » chambres ou dortoirs et le minimum pour « l’hygiène, de commodités et d’élégance »(2). Cuisine, salle à manger, salon, lingerie, bureau, logement pour le personnel, magasin, stockages pour les produits frais sont aménagés.

Les bâtiments d’exploitation sont encore peu nombreux : étables, des écuries, des celliers, des caves, porcherie, poulailler… Mais rien n’est dû au hasard.

Les bâtiments pour les animaux

Toutes les étables, écuries, porcheries sont équipées de rigoles pour le purin qui se stocke dans une fosse à l’extérieur. Finalement le fumier se stocke lui aussi dans 2 aires le long des étables, lui aussi reçoit un traitement particulier.

Les étables

Les étables mesurent 16 m de long sur 11 m de large, et 4 m de haut. L’aménagement d’une infirmerie et un espace dédié optimisent la mise en quarantaine des animaux malades. De larges couloirs placés devant les animaux permettent de donner facilement à manger. De même un espace suffisant autorise la circulation des charrettes derrière les bêtes pour enlever le fumier.

La porcherie

La porcherie qui comprends des loges spacieuses, disposent d’auges en pierre à l’extérieur et équipées de volets mobiles. Effectivement avec cet équipement le « porcher » distribue aisément la nourriture sans que les cochons le perturbent. Les cochons se baignent dans les bassins prévus à cet effet. Les loges sont aussi pourvues de grilles qui permettent aux animaux d’être à l’air libre durant les nuits chaudes de l’été.

Les écuries

Une écurie accueille jusqu’à 8 chevaux, elles sont équipées de stalles opérationnelles.
La ventilation des étables est prise au sérieux pour éviter d’avoir des bêtes malades, en plus des 3 portes sont prévues des fenêtres qui permettent une luminosité naturelle et qui peuvent servir pour favorise la ventilation si le besoin s’en fait sentir.

Les bâtiments de stockage

Les autres batiment d’à cotés sont pour les hangars, la cave voutée, les magasins, les remises et les volières… L’aménagement des combles en greniers et granges donne une capacité de stockage de 4 300 m3 environ. Là aussi la bonne aération permet une bonne conservation des produits stoclés. Un autre bâtiment comprend, la buanderie, le fournil, forge …

Ferme Ecole de Royat le cheptel

Pour les travaux sont disponibles 5 chevaux, et 16 bœufs de travail de race gasconne. A 9 ans trop vieux pour le travail, donc ils partent à l’engraissement pour la boucherie.
Ce que l’on appelle, les animaux de rente : 4 bœufs à l’engraissement, 9 vaches, 5 génisses ou bouvillons. La race ariégeoise (j’imagine qu’il s’agit de la race Casta) insuffisamment compétitive pour un engraissement. Par contre la bazadaise possède toutes les caractérisques nécessaire pour améliorer la productivité, la bazardaise arrive à la Ferme Ecole de Royat. Des croisements entre les deux races permettent d’améliorer les rendements et encore une fois le résultat est là.
La porcherie abrité une cinquante de porcs, de race berkshire (anglaise) ou gasconne, les croisements améliorent largement l’engraissement pour la vente à la charcuterie.
En 1866 le poids d’animaux vivant est de 430kg par hectare de terre exploitable, ce qui semble une bonne moyenne.

Ferme Ecole de Royat la fertilisation des terres

La qualité de la terre de Royat est plus que moyenne, très caillouteuse. Pour pouvoir créer des pairies artificielles le premier travail consiste à désempierrer les sols. Les pierres sont entassées et gardées pour drainer les terrains qui le nécessiteront dans l’avenir. La terre aride ne favorise pas l’agriculture « intensive », le rajout de marne (roche composée d’un mélange de calcite et d’argile) permet de donner un liant à cette terre. Tout ce travail coordonné donne au sol une bien meilleure qualité et avec une stratégie d’assolement efficace cette terre « donne » bien plus.

Comment est traité le fumier ?

Le fumier se stocke dans les aires prévues à cet effet. Dans un premier temps disposé en couche. Ensuite, lorsque la couche est suffisante, on le recouvre de plâtre pour fixer les gaz. Quand ce « mille feuilles » atteint plus ou moins 2 mètres, c’est une couche de terre argileuse qui le protège.
Pour son utilisation, mais pas n’importe comment, ce fumier reçoit un rajout de lisier, de chaux, du guano (azote)… Ces rajouts s’adaptent à chaque parcelle suivant la culture que l’on cultive.

La fertilisation

Chaque parcelle reçoit un fertilisant adapté à la culture :
pour le colza et le lin 4 M3 (fumier, lisier, chaux, terre…)
pour les cultures sarclées 40 t à l’hectare… avec rajout de guano et de compost
pour les vignes c’est du compost, du fumier et parfois de l’engrais.
Pour les prairies 1 fois tous les 4 ans c’est de la chaux qui est utilisée.

La maîtrise de l’assolement

De bien entendu la polyculture se pratique au sein de la ferme école. On y cultive : blé, avoine, lin, maïs, fève, colza, betterave, pomme de terre, trèfle, vesce, farouch, sainfoin, luzerne, vigne, arbre fruitier, légumes….
C’est la culture alternée sur chaque parcelle. En résumé les parcelles avec des prairies se renouvellent ¼ par an, le trèfle ne revient sur une même parcelle qu’après 10 ans.

En 1866 la répartition des cultures était le suivant :
Terres en cultures arables 63 ha
Vignes 4.37 ha (au début)
Plantier de 2 ans 2.29ha
Pépinières 2.87ha
Jardins et vergers 2.41ha
Prairie 0.51ha
Bois acacia 0.95ha
Chemins, ruisseaux, fossés et rivages 3.53ha
Bâtiments et cours 0.98ha
En 1866 le vignoble occupe 30 hectares

La Ferme Ecole de Royat son potager et sa pépinière

Les élèves-apprentis comme de bien entendu exploitent un potager, qui fournit tous les produits maraichers nécessaires. La pépinière n’est pas en reste, elle possède une variété d’arbres fruitiers venant des meilleurs établissements français et belges. Déjà en 1866 les pêchers et amandiers donnent de bons résultats.

La Ferme Ecole de Royat et la vigne

Mais M Lefève entrepris de développer la vigne, cela commence par quelques petits hectares. Puis le vignoble s’étend, la vinification se fait sur place. La « table de l’assemblée nationale » sert les vins de la Ferme Ecole de Royat dont la renommée dépasse largement le département. En 1876 il écrit le livre « Notions de viticulture et de vinification enseignées à la ferme école de Royat » qui a été réédité par les éditions Lacourt.

La Ferme Ecole de Royat toujours célèbre dans le monde viticole pour sa taille de la vigne avec le « cordon Royat » dit « taille Royat » et sa méthode de vinification dite par gravité.
La vigne se plante de façon à faciliter l’exploitation pour en réduite le coût. L’espace entre les rangs est suffisamment large (2 mètres). Cela permet l’utilisation de la mécanique « animale à l’époque » et d’avoir moins besoin de main d’œuvre humaine. Un mètre sépare les souches. La taille en cordon dite « Royat » améliore le rendement et la qualité (on verra çà un peu plus loin). L’architecture des celliers et caves permet la mise en œuvre de la vinification par gravité.

atille royat 2La taille de la vigne en cordon dite Royat qu’es aco ?

La taille en Cordon de Royat est une taille courte sur une charpente longue.
La vigne piquetée et équipée de 2 voire 3 fils de fer autorise une telle taille en Cordon de Royat. Le premier supportera le bras horizontal pour la « taille cordon de Royat » et les bras (maxi 2) horizontaux pour la « taille double Royat ». Le 2ème et ou 3ème fil recevra les courons (3) (voir photo plus explicite). Les avantages d’une telle taille semblent nombreux, notamment les grappes sont plus aérées et ont un ensoleillement et des traitements plus homogènes. Et chose qu’à l’époque de la ferme école de Royat avait prévue, elle facilite la mécanisation. Les inconvénients sont là aussi : moins de protection de la vigne contre le gel, besoin du piquetage et du fil de fer…

La vinification par gravité qu’es aquo ?

Cette technique est-elle mise au point directement à la Ferme Ecole de Royat ? Mais en tout cas elle est utilisée.
La vinification par gravité est une « architecture bien structurée » de la transformation du raisin une fois cueilli jusqu’au vin.
La réception du raisin se fait au plus haut point de l’édifice, et descend jusqu’au chai à barriques, qui se trouve tout en bas. Bien évidemment les équipements d’une cave conçue pour utiliser la gravité permettent de transférer les raisins, les moûts et le vin d’un récipient à l’autre en les laissant simplement descendre d’un palier à l’autre. Cette méthode évite ainsi le recours aux pompes, permettant une manipulation plus délicate du vin.

Ferme Ecole de Royat la fin de la vigne

La bonne santé de la vigne ne dure pas, un fléau appelé phylloxéra va mettre à mal les vignobles mondiaux.
Le phylloxera une « espèce de puceron » observé en France dès 1863 et cause de graves dégâts au vignoble français et européen. Une fois touché le pied de vigne meurt dans les 3 ans, et malheureusement aucun traitement n’existe à cette époque.
Sans traitement la seule solution est la greffe avec des plans américains qui sont sains et qui résistent à cette maladie, maladie qui pourrait venir des Amériques. Ce fléau ne permet plus d’avoir une vigne saine avec de bons rendements, c’est le déclin qualitatif et quantitatif.

Les résultats financiers

Une telle entreprise aussi organisée, pensée sans cesse pour l’amélioration du rendement se doit d’avoir des résultats financiers à la hauteur. De 1857 à 1866 la moyenne du bénéfice annuel est de quasiment 11 000 f (10396.68 f). Durant cette décennie il n’y eu pas une seule année avec une perte, mais, 2 années mauvaises (mais pas de pertes) dues à la grêle. En 1866 Royat capitalise une valeur de 160 373 f qui comprend les 100 000 du prix d’achat et 60 373 de capital d’exploitation. Le revenu annuel représente un intérêt d’environ 7%, pas mal pour l’époque. C’est la plus « grosse ferme » du département.

La Ferme Ecole de Royat l’après M Lefève

La Ferme Ecole de Royat voit le 18 mai 1879 disparaitre son créateur, son fondateur, son mentor, son directeur Emile Lefève. Le 24 août 1890 sur le Domaine de Royat d’anciens élèves inaugurent une « statue » en mémoire d’Emile Lefève. On note la présence de sa veuve, du Conseil Général, des notables locaux et biensur d’anciens élèves-apprentis.

La Ferme Ecole de Royat, Gabriel Jaubert aux commandes

Gabriel Jaubert lui succède à la tête de la ferme école. Il n’est autre que le neveu du fondateur de cette institution. Il continue l’aventure de la vigne et achève les plantations. A vrai dire, déjà à cette époque sur la ferme école sont notamment présents les cépages suivants : les Gamay (Magny, Nicolas, Picard, de Vaud, Labronde, de Bouze, de Malins, de Bavy, d’Arcemant, Blanc..), les Pinot (Pernant, Gris, Blanc…). Avec une telle qualité de cépage, dans les années 1883 la teneur en alcool duvin pouvait atteindre 12°. Le prix à l’hectolitre se négocie entre 30 f et 40 f ce qui est un bon prix.
Par conséquent la vigne devient alors le poumon financier, mais cette situation va se gâter à cause du phylloxéra.

La Ferme Ecole de Royat Alain Joffre en prend la direction

Le 12 février 1910 meurt de Gabriel Jaubert remplacé par Alain Joffre propriétaire à Le Vernet. Durant la période 14-18 la guerre vide nos campagnes. La Ferme Ecole de Royat tourne au ralenti à cause d’une mobilisation du personnel et un manque évident d’élèves-apprentis. Pour survivre la ferme école se transforme en centre de convalescence et de rééducation pour les mutilés de guerre. Le 7 mars 1917 un incendie ravage la ferme école. Malgré tous les efforts du dernier directeur, le recrutement devient difficile. En 1922 seulement 20 apprentis ou Pupilles de la nation. L’exode rural n’est pas étranger à cet état de disgrâce de la terre et de l’espace rural.
C’est en 1928 que s’arrête définitivement l’aventure de la ferme école de Royat. Le gouvernement conserve uniquement les écoles qui dépendent de l’Etat, par conséquent exclut le domaine privé de Royat.

Le domaine de Royat de nos jours

La famille Giannesini est depuis des décennies propriétaire du domaine de Royat. Pour ce qui est, de nos jours Royat a encore une activité agricole, en plus il dispose de chambre d’hôte avec un label « pêche ». Vous trouverez cette bâtisse du XIXème dans un cocon de verdure, avec vue sur les Pyrénées, lac tout proche. Sa superficie est moindre qu’à l’époque de Ferme Ecole et le lac n’existait pas. D’accès facile autoroute proche et gare, un petit coin pour vous reposer et vous divertir.

En plus la Ferme Ecole de Royat est juste en face de Peyroutet. Peyroutet propriété de Alexis-Guillaume Vadier qui repose dans son domaine.

Source d’informations

(1)Ferme Ecole de Royat les majuscules F et E sont brodées sur le revers des cols des uniformes des apprentis. J’ai décidé de les garder en majuscule dans la dénomination de la Ferme Ecole de Royat
(2)termes employé dans un rapport de M Rivière en 1866(document trouvé sur BNF)
(3)en viticulture, un courson est un sarment de l’année précédente taillé pour la fructification (à 2 ou 3 yeux, encore appelé cot), ou pour le bois (6 à 8 yeux, encore appelé aste) (wikipédia)

Bibliographie : Un excellent travail (comme d’habitude) réalisé par Louis Clayes dans le Bulletin de la Société Ariégeoise des Sciences, des Lettres et Art de 1986, La Dépêche du Midi, La Bibliothèque Nationale Française et quelques sites internet

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